Aperçu des sections

  • Résumé

    Le cours retracera l'histoire des liens entre psychologie et philosophie en s'arrêtant particulièrement sur deux périodes : l'antiquité et les épisodes de l'histoire de la philosophie au cours desquels se mettent en place la notion d'« âme », et la naissance de la psychologie scientifique dans le dernier tiers du XIXème siècle. On s'attachera à suivre les réactions de la philosophie à la naissance de la psychologie parmi lesquelles figurent notamment l'apparition d'un courant de la philosophie déterminant pour jusqu'à nos jours : la phénoménologie.

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    • 15 septembre

      Cours 1 - Une histoire totale de la philosophie

      Une histoire de la philosophie est totale si elle tient compte à la fois du savoir positif que les sciences ont pu produire sur l’origine de l’homme et du savoir spéculatif que la philosophie a pu produire sur cette question. Toute histoire qui tient compte de l’un au détriment de l’autre (et c’est le cas de pratiquement toutes, en fait) est partielle. Par exemple, l’histoire de l’homme que présente Yuval Harari dans *Sapiens, une brève histoire de l’humanité* est une histoire partielle, comme l’est aussi l’histoire de l’homme que nous proposent Yves Coppens et Pascal Picq dans leur livre *Aux origines de l’humanité* ou, d’une façon générale, les paléoanthropologues. 

      Ce sont des histoires partielles parce qu’elles ne tiennent compte que d’un des aspects de la question de l’histoire : son aspect positivement connu pour celles qui s’appuient sur les sciences. Son aspect conceptuel pour celles qui s’appuient sur une analyse de la pensée et de ses mécanismes fondamentaux. L’histoire de l’homme que propose Hegel, pour être conceptuelle, n’en est pas moins partielle. Certes, elle tient compte de ce que les paléoanthropologues négligent, mais c’est au prix d’un mutisme sur la part naturelle de l’homme. Inversement ne tenir compte que de l’aspect naturel de l’histoire de l’homme revient à la renvoyer à un simple prolongement de la vie animale, comme on le voit avec Franz de Waal (par exemple dans *La politique du chimpanzé*). Il s’agit de deux impasses : la première est de négliger la vie conceptuelle de l’homme ; la seconde est de négliger la vie naturelle de l’homme.


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      Aux origines des sciences humaines. Linguistique, philosophie, logique, psychologie (1840-1940) Bernard Laks, John Goldsmith : présentation générale

    • 22 septembre

      Cours 2 - Psychologique et matérialisme

      Le cours commencera par établir une première distinction : distinction entre "histoire propositionnelle de la philosophie" et "histoire contextuelle de la philosophie". A partir de là, on analysera la manière de raconter l'histoire de la philosophie. On en déduira une typologie des histoires de la philosophie. La manière dont les commencements de la philosophie sont présentés fera l'objet d'une attention toute particulière. Chez certains auteurs (par exemple Catherine Rowett dans un livre de 2019 intitulé Histoire de la philosophie), le commencement est purement conventionnel. D'autres auteurs posent la question de savoir ce qui a constitué les conditions de possibilités matérielles de la philosophie (qu'on peut qualifier d'histoire matérialistes dans ce sens particulier). Ce type d'histoire se rattache à une longue tradition qui remonte à Nicolas de Condorcet et qu'on trouve notamment présenté dans soin Esquisse d'un tableau des progrès de l'esprit humain, de 1794. On retrouve ce même type d'histoire chez Yuval Harari dans son livre intitulé Sapiens, une brève histoire de l'humanité. Ces deux histoires représentent les deux bornes (la plus ancienne et la plus récente) d'un type d'histoire qui peut être rangée comme matérialiste au sens qu'on a indiqué. Le cours s'intéressera ensuite à un tout autre type d'histoire de la philosophie : celui qui s'inaugure avec Hegel (1770-1831) et qui initie les histoires de la philosophie de type idéaliste.


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      Exposés : Enzo Giacalone, Papa Alioune Fall, Mathieu Richard : Combats pour l'esprit

    • 29 septembre

      Cours 3 - La conception hégélienne de l'histoire de la philosophie

      Le premier aperçu que nous avons développé sur l'histoire de la philosophie insistait sur les conditions de possibilité matérielle de son déploiement en suivant les récits de Condorcet et le récit, plue récent de Yaval Harari. Pour se conformer au projet d'histoire totale de la philosophie, il importe de prendre en considération une conception radicalement idéaliste de cette histoire telle que celle que l'on voit développée par Hegel, dans sa philosophie de l'histoire et dans ses Leçons sur l'histoire de la philosophie. Ces travaux exposent une théorie de la succession dialectique des idées qui permet de mettre en évidence le caractère rationnel de l'émergence de la notion d'esprit (noos) dans la philosophie grecque, avec Anaxagore, puis le travail ultérieur de cette notion qui conduira à la doctrine des idées de Platon et aux considérations d'Aristote sur la notion d'âme qui sont présentées dans le Peri psuchē, premier texte de la culture occidentale qui peut être considéré comme relevant d'une problématisation de la notion d'âme (dont les caractères sont pourtant assez éloignés de ceux qu'on trouvera dans les discussions de la philosophie médiévale autour de cette même notion).


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      Exposés : Louis Reiner, Thimotée Drugeon, XX : Introduction

    • 6 octobre

      Cours 4 - De la théorie des idées de Platon au matérialisme de Démocrite

      Les philosophes présocratiques sont, d'après Nietzsche, des « types purs », beaucoup moins complexes et mélangés que les types de philosophes qui apparaîtront après Platon. C’est ce qui fait tout l’intérêt de leur étude. Le jeu dialectique des propositions théoriques qu’ils ont pu formuler conduit à la notion d’âme qui est exposée dans le Peri psuchē. Cette notion jouera un rôle central dans les fondements de la philosophie moderne. Il ne s’agit pas, chez Platon, d’idées au sens où les psychologues s’intéresseront, plus tard, à la manière dont on passe d’une idée à une autre qu’il nommeront « l’association d’idées » (de Locke à Freud, la psychologie se présente comme une théorie des associations d’idées). Par contre, il s’agit bien, chez Platon, de l’idée au sens de la reconnaissance de forme ; une notion qu'on retrouvera dans l'idée d'intelligence artificielle (qui est également définie par la capacité d'une machine à reconnaître une forme). La notion d'âme chez Aristote et la notion de cause finale seront présentées. Démocrite peut-il être, comme on le prétend souvent, un critique de la cause finale alors qu'il meurt quand Aristote n'a que quinze ans et qu'il n'a donc pas pu connaître les élaborations bien plus tardives de ce dernier sur cette notion ? Cette question conduira à préciser ce en quoi la notion de cause finale s'oppose au matérialisme.


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      Exposés : Yodeline Jean, Ilana Ashley, Lou Luc : Le langage au XIXème siècle

    • 13 octobre

      Cours 5 - Naissance de la notion de subjectivité

      Après avoir repéré les fondements antiques de la notion de psyché et les deux bords principaux des analyses qui lui sont consacrées (matérialisme de Démocrite et finalisme d'Aristote), on examinera les analyses qui sont consacrées à la même question à l'époque moderne. Bacon se présente comme celui qui entend réhabiliter Démocrite contre Aristote. A partir de Descartes (Méditations métaphysiques, 1641) et jusqu'à Kant (Critique de la raison pure, 1er édition, 1781), soit sur une période de 140 années, vont être successivement proposées les principales "solutions métaphysiques" au problème âme/corps. On proposera un bilan de ces solutions. On montrera ensuite que  l'apport le plus décisif pour la psychologie à venir ne se situe pas dans ces élaborations mais dans des pratiques qui se développent en marge des théorisation les plus typiques de l'époque des Lumières. On rappellera ainsi les pratiques d'exorcisme de Joseph Gasner (1727-1772), notamment. À ces pratiques vont venir se substituer celles de Mesmer (1734-1815), qu'il nommera lui-même "magnétisme animal". Le magnétisme animal deviendra progressivement l'hypnose, laquelle jouera un rôle de premier plan dans la naissance de la psychologie.


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      Exposés : Kakam Diawara, Séverine Vauloup : La philosophie et la logique au XIXème siècle

    • 20 octobre

      Cours 6 - Théodule Ribot et Henri Bergson 

      Les trois grandes traditions européennes de "psychologie scientifique" : évolutionniste en Angleterre, physiologique en Allemagne, expérimentale en France. En France, la question de l'hypnose et de son interprétation joue un rôle central. Deux écoles s'affrontent : celle de la Salpêtrière et celle de Nancy. Chacun propose une interprétation de l'hypnose et de ce qu'elle peut permettre de traiter. Ribot, philosophe de formation, plutôt proche de Charcot, et donc de l'interprétation de la Salpêtrière, élabore une psychologie des sentiments. Il se fonde sur les phénomènes d'hypnotisme pour affirmer que la psychologie doit désormais s'émanciper de la philosophie. Dans le même temps, cependant, Bergson propose des analyses qui visent à mettre en évidence la naïveté de approches psychologiques et invitent à repenser philosophiquement la notion de temps en introduisant la notion de durée. La naissance de la psychologie scientifique provoque ainsi, par réaction, une stimulation de la philosophie. Le même phénomène s'observe en Allemagne avec Wundt dans le rôle du psychologue et Brentano dans le rôle du philosophe.


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      Exposés Aubin Lamarque, Camille Boiché, Ewen Leroy, Dorian Geyer : La psychologie et les machines intelligentes

    • 27 octobre

      Cours 7 - Sigmund Freud et la naissance de la psychanalyse

      Le cours retracera l'histoire de la psychanalyse, depuis sa fondation, enracinée dans l'hypnose, par Sigmund Freud, à la fin du dix-neuvième siècle, jusqu'à ses élaborations théoriques les plus discutées en insistant sur les débats qui ont pu opposer les thèses du fondateur à celles de ses disciples, notamment Karl Gustav Jung. On s'attachera à dégager les structure essentielles de la notion d'inconscient telle qu'elle fut élaborée par Freud. On montrera ainsi en quoi cette notion diffère de la notion d'inconscient proposée avant Freud. On détaillera les trois étapes décisives de la fondation de la psychanalyse (l'hypnose, la correspondance avec Fliess, l'autoanalyse) pour montrer comment se mettent en place les idées directrices du concept freudien d'inconscient à la base de la nouvelle forme de psychothérapie développée par Freud : refoulement spécifique de certains contenus psychiques dans l'inconscient, prééminence des contenus sexuels, thèse centrale selon laquelle "l'inconscient ignore le temps".


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      Exposés : Louise Rzeznikiewicz, Mathieu Fesnel : La psychologie 1900-1940

    • 10 novembre

      Cours 8 - La phénoménologie comme critique philosophique du psychologisme

      On reprendra l'histoire de la phénoménologie à partir de Brentano et du passage de son livre, publié en 1874, dans lequel il présente la notion d'intentionnalité : « Ce qui caractérise tout phénomène psychique, c’est ce que les scolastiques du Moyen Âge ont appelé l’inexistence intentionnelle (ou encore mentale) d’un objet et ce que nous pourrions appeler nous-mêmes — en usant d’expressions qui n’excluent pas toute équivoque verbale — la relation à un contenu, la direction vers un objet (sans qu’il faille entendre par là une réalité) ou l’objectivité immanente. Tout phénomène psychique contient en soi quelque chose à titre d’objet, mais chacun le contient à sa façon. Dans la représentation, c’est quelque chose qui est représenté, dans le jugement quelque chose qui est admis ou rejeté, dans l’amour quelque chose qui est aimé, dans la haine quelque chose qui est haï, dans le désir quelque chose qui est désiré, et ainsi de suite. Cette inexistence intentionnelle appartient exclusivement aux phénomènes psychiques. Aucun phénomène physique ne présente rien de semblable. Nous pouvons donc définir les phénomènes psychiques en disant que ce sont des phénomènes qui contiennent intentionnellement un objet en eux. » A partir de là, on décrira la naissance de la phénoménologie en montrant qu'elle instaure une opposition, jusque-là inédite, entre expérience et expérimentation.


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      Exposés : Joanne Durantet, Annelise Dupuis : La linguistique américaine 1900-1940

    • 17 novembre

      Cours 9 - La psychologie phénoménologique de Binswanger

      Ludwig Binswanger (1881-1966), psychiatre et ami de Freud. En 1913, il découvre Husserl, au moment de la publication des Ideen I (Idées directrices pour une phénoménologie pure et une philosophie phénoménologique). En 1922 : introduction de la phénoménologie dans la psychothérapie avec une communication intitulée De la phénoménologie communication présentée à la Société suisse de psychiatrie. En 1927 : lit Etre et temps. Il Fonde la Daseinsanalyse. Il s’agit d’un type d’approche qui va tenter de réconcilier ce qui s’est initialement présenté comme opposé : psychanalyse (en tant que variété de la psychologie) et phénoménologie (dont l’apparition est liée, on l’a vu, à la critique du « psychologisme »). On présentera la doctrine de Binswanger en s'appuyant largement sur sa présentation du "cas Ellen West".


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      Exposés : Max Pouvreau, Diego Cabezas : La philosophie 1900-1940

    • 24 novembre

      Cours 10 - Foucault : phénoménologie et psychologie

      On présentera deux ensembles de textes de Michel Foucault parus en 2021 : Binswanger et l'analyse existentielle (édités par Elisabetta Basso) et Psychologie et phénoménologie (édités par Philippe Sabot). Ces textes, inédits, tirés de notes de cours donnés par Michel Foucault dans les années 1950 procurent de nouveaux aperçus sur l'œuvre de ce dernier. Ils montrent l'importance que Foucault a pu apporter à la phénoménologie au début de sa carrière. L'objet de ces textes tournent, en grande partie, autour d'une comparaison entre psychanalyse et phénoménologie. On reprendra les analyses de Foucault pour montrer en quoi les approches de la Daseinsanalyse de Binswanger et celle de la psychanalyse ont pu diverger et les points sur lesquels portent les divergences.


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      Exposés : Léann Milliens, Hannah Gandonnière, Faustine Collet : La logique 1900-1940

    • 1er décembre

      Cours 11 - Le débat entre psychanalyse et phénoménologie au vingtième siècle : Ricoeur et Lacan

      Paul Ricoeur et Jacques Lacan se sont rencontrés lors d'un colloque organisé par Henri Ey à Bonneval, au sud de la ville de Chartres, en 1960. Le colloque portait sur la notion d'inconscient. Ricoeur, qui était alors en train de préparer son livre Le conflit des interprétations, Essai sur Freud, qui sera publié en 1965, y a présenté un communication (reprise plus tard sous le titre Le conscient et l'inconscient et publié en 1969 dans le volume Le conflit des interprétations – ce texte est disponible en ligne : voir plus bas). Ce colloque constitue le point de départ d'un débat qui fut particulièrement intense au XXème siècle et qui allait opposer, pendant plus de trois décennies, phénoménologie (représentée par Ricoeur) et structuralisme (représenté par Lacan). On reprendra les grandes lignes de ce débat fondateur. On montrera comment la notion d'inconscient y joue un rôle central mais on soulignera aussi que la notion prend des sens différents selon les écoles qui sont prises en considération.


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      Exposés : Oumaïma Boutramt, Léa Crapoulet, Maxence Bidaud : Le structuralisme européen

    • 8 décembre

      Cours 12 - Situation de la psychologie contemporaine : le débat entre biologie et phénoménologie au vingtième siècle : Ricoeur et Changeux

      En 1997 paraît un livre de dialogue entre un phénoménologue (Paul Ricoeur) et un neurobiologiste (Jean-Pierre Changeux) sous le titre La nature et la règle, ce qui nous fait penser. Ce livre constitue un moment d'échange et de réflexion exceptionnel dans lequel apparaît avec netteté la ligne de fracture qui sépare deux approches opposées de la psychologie contemporaine, l'une ancrée dans la réflexion phénoménologique qui s'est constituée depuis Husserl et Heidegger, l'autre ancrée dans la biologie, la génétique, la neurologie, les sciences de l'évolution contemporaines. Vingt ans plus tard, en 2017, est publiée sous la forme d'une pièce de théâtre, une réflexion qui par bien des aspects recoupe le dialogue du phénoménologue et du neurobiologiste, sous le titre The hard problem (traduit en français sous le titre Le problème de la conscience). On s'efforcera de souligner les parallèles thématiques entre ces deux textes en analysant un certain nombre de points de divergence entre les deux approches.


      TD Pratiquer l'interdisciplinarité

      Exposés : Augustin Okpwe, Benoît Samba et Pierre Mortier : Conclusions et perspectives

    • 15 décembre

      Examen : Dissertation 2 h, 14.00-16.00