Cours 1 - Une histoire totale de la philosophie
Une histoire de la philosophie est totale si elle tient compte à la fois du savoir positif que les sciences ont pu produire sur l’origine de l’homme et du savoir spéculatif que la philosophie a pu produire sur cette question. Toute histoire qui tient compte de l’un au détriment de l’autre (et c’est le cas de pratiquement toutes, en fait) est partielle. Par exemple, l’histoire de l’homme que présente Yuval Harari dans *Sapiens, une brève histoire de l’humanité* est une histoire partielle, comme l’est aussi l’histoire de l’homme que nous proposent Yves Coppens et Pascal Picq dans leur livre *Aux origines de l’humanité* ou, d’une façon générale, les paléoanthropologues.
Ce sont des histoires partielles parce qu’elles ne tiennent compte que d’un des aspects de la question de l’histoire : son aspect positivement connu pour celles qui s’appuient sur les sciences. Son aspect conceptuel pour celles qui s’appuient sur une analyse de la pensée et de ses mécanismes fondamentaux. L’histoire de l’homme que propose Hegel, pour être conceptuelle, n’en est pas moins partielle. Certes, elle tient compte de ce que les paléoanthropologues négligent, mais c’est au prix d’un mutisme sur la part naturelle de l’homme. Inversement ne tenir compte que de l’aspect naturel de l’histoire de l’homme revient à la renvoyer à un simple prolongement de la vie animale, comme on le voit avec Franz de Waal (par exemple dans *La politique du chimpanzé*). Il s’agit de deux impasses : la première est de négliger la vie conceptuelle de l’homme ; la seconde est de négliger la vie naturelle de l’homme.
TD Pratiquer l'interdisciplinarité
Aux origines des sciences humaines. Linguistique, philosophie, logique, psychologie (1840-1940) Bernard Laks, John Goldsmith : présentation générale