Aperçu des semaines

  • Généralités

  • (1) 20 janvier - Présentation du cours

    Présentation du cours et résumé des séances à venir. Questions sur le récit, sur l'histoire, sur la narration. La question centrale de la narration de soi. Fiches de présentation. 1) Parcours, 2) Questions, 3) Dissertation sur ce que signifie raconter une histoire. Modalités de contrôle des connaissances : deux notes, une pour chaque EP. Pour l'EP "Phénoménologie", la note sera la moyenne de la note d'exposé et du devoir à remettre le 14 avril ; pour l'EP "Epistémologie des sciences humaines", la note sera celle de l'examen final. Répartition des exposés et des dates de présentation. Indications sur les exposés et présentation d'une bibliographie sommaire. Utilisation du site https://syllabus.universite.tours. Le Master de philosophie et ses prolongements (recherche, enseignement, autre). Bibliographie du site https://philosophie.universite.tours > documents.
  • (2) 27 janvier - La formation initiale du récit et son ancestralité

    Inchoativité de la pensée : la pensée s'éveillant au récit. L’état inchoatif de la pensée défini comme état de passage de la pensée nocturne à la pensée diurne. Si courante que soit pour nous l’expérience du récit inchoatif (nous faisons l’expérience de son recommencement au moins une fois par jour), il reste mal décrit, peu compris. C’est l’expérience du réveil, l’expérience de l’entrée dans la vie diurne qui a été peu commentée par les philosophes. Si bien que c’est, le plus souvent, chez des écrivains (des romanciers) que nous trouvons les meilleures descriptions de cette inchoativité. Pascal (Lafuma, 803) : « la vie est un songe un peu moins inconstant ». Dans l’inchoatif, je ne suis pas même une conscience, je ne suis pas encore un « je », je ne suis pas encore une histoire continue et se reprenant elle-même, assumant des responsabilités qu’elle a pu contracter ou cherchant à les fuir (fuir la responsabilité d’un acte qu’on a accompli suppose tout de même d’en avoir conscience). Qu’est-ce qui caractérise la sortie de l’inchoatif et l’entrée dans un monde qui peut être raconté ? De ce monde, des récits peuvent être faits, en raison même de sa cohérence présomptive. Ces êtres ont ceci de particulier qu’il sont dotés d’une « figure de destin » (un concept que nous aurons à travailler en détail) que les récits peuvent parcourir. Raconter une histoire modifie la conception que nous pouvons avoir d’un événement et nous le fait voir autrement. Le récit fabrique du comprendre. L'opération qui consiste à fabriquer du comprendre, c’est la puissance même du narratif. Inchoativité de la pensée chez Proust et chez Beckett. Rôle central de la notion de situation : « Notre moi est inconcevable hors de la situation concrète et unique de notre vie, il n’est compréhensible que dans et par cette situation », remarque Milan Kundera [dans L’art du roman]. » C'est donc chez des penseurs qui ont théoriser la notion de « situation » qu'il conviendra d'aller chercher les bases théoriques d'une analyse du récit. Ce sera la tâche des cours à venir que d'identifier ces penseurs et les sources à partir desquelles ils ont constitué leurs thèses.
  • (3) 3 février - De l'ancestralité à la quotidienneté du récit

    Pour accéder au passé, nous ne pouvons que passer par des récits. Résumé de la thèse de Robin Dunbar présentée dans le livre Grooming, gossip and the evolution of language (1996). Définition de la notion de « récit natif ». Nous nous plaçons ici au point de vue du récit tout court et non pas au point de vue du récit écrit qui a été précédé d’une tradition orale (Homère, récits bibliques, etc.). Le récit le plus ancien n’est pas celui qui est fossilisé dans les mythes. Il est sous nos yeux et nous environne sans cesse, c’est le récit le plus élémentaire et le plus simple, qu’on néglige ou repousse avec un certain dédain (commérage, gossip) alors même qu’il a beaucoup à nous dire de ce que fut le récit dans ses formes les plus ancestrales, les plus simples, les plus élémentaires et aussi, par conséquent, dans ce qu’il peut y avoir de plus fondamental dans ces formes. Nous l’appellerons le « récit natif » (plus large que le simple commérage mais s'y apparentant néanmoins par son caractère ordinaire et spontané). Analyse du récit natif à partir des études qui lui ont été consacrées. Études de Bernard Victorri et de Robin Dunbar proposant une thèse sur l'origine des langues humaines. La philosophie classique avait écarté l’analyse de ces phénomènes qu’elle classait tout en bas des préoccupations du philosophe en les rageant dans la « connaissance par ouï-dire », le tout premier et le plus incertain des modes de connaissance selon Spinoza. C’est, au contraire, en partant de cette forme si controversée de connaissance et en examinant sa structure propre, la façon dont elle se forme et se module, que se constitue la réflexion sur l’effet des récits les plus courants de la conversation ordinaire. En 1963, l’anthropologue Max Gluckman a consacré une analyse au phénomène du commérage qu’il associait à celui du scandale (la forme publique du commérage), dans un texte intitulé Gossip and scandal. C'est le début d'une série d'études sur le commérage (gossip) qui mèneront, quelques décennies plus tard, à la définition d'une notion plus large, celle de « small stories » (ou parfois aussi « récits en interaction »), proposée initialement par Alexandra Georgakopoulou pour caractériser les récits courants. Ce sont ces récits (nous traduirons le terme de « small stories » par « récit natif ») qui seront au cœur de nos analyses du récit.
  • (4) 10 février - Être et récit

    La question du récit, qui, au premier abord peut sembler concerner uniquement l’humain, comporte en fait, implicitement, un prolongement qui porte sur la différence entre l’humain et l’animal. C’est la question de la différence anthropologique, que nous pouvons retrouver au moins depuis Aristote puis tout au long de l’histoire de la philosophie. L’homme n’est plus décrit comme « animal rationnel » (ou doté d’un logos), mais, si on suit l’interprétation que proposent les philosophes qui se rattachent au « courant narratif », il est un animal qui « raconte des histoires ». Et en passant de la caractérisation de l’homme comme « animal rationnel » à celle de l’homme comme « animal qui raconte des histoires » on ouvre un immense territoire de réflexion qui avait été pratiquement ignoré par Aristote. Chez l’animal, la psychologie évolutionniste l’a bien montré et y insiste souvent, il y a des rapports de domination entre les individus . Mais, contraitement à ce que suggère Frans de Waal dans La politique du chimpanzé, il n’y a pas de politique parce que pour qu’une politique soit possible, il faut qu’un rapport au temps soit ouvert. Il faut que le temps puisse simultanément vécu et imaginé. Reprise de la question du récit sur un fondement phénoménologique. Naissance de la phénoménologie. Place de la question de l’être dans la phénoménologie. Husserl, Recherches logiques, sixième recherche. Shakespeare et le concept d’être dans Hamlet et Othello. L’être de Desdémone pour Othello est placé sous la dépendance des histoires qu’on raconte à son sujet. L’être est produit ou défait par le récit. De même, Charlus change d’être aux yeux de Charles Morel sous l’effet des récits de Madame Verdurin. Wilhelm Schapp a tenté de formaliser ces changements d’être sous l’effet d’un récit dans In Geschichten verstrickt. Le livre a été traduit en français par Jean Greisch et publié en 1992 sous le titre Empêtrés dans des histoires. Selon Schapp, nou ssommes tissés par des histoires : « l’histoire tient lieu de l’homme ». Notons que l’être enchevêtré dans des histoires dont parle Schapp ne dégage pas réellement la notion de narrativité, comme le remarquera Ricœur, puisque cette notion reste adhérente, chez lui, à celle d’histoire au sens de ce qui est arrivé. Pour Ricœur, au contraire, la narrativité doit être nettement distinguée de l’histoire vers laquelle une narration fait signe. Critique de la phénoménologie par Schapp. Introduction à Être et temps de Heidegger.
  • (5) 17 février - Récit et politique

    La méthode de double éclairage : éclairage d'une source littéraire par une source philosophique et inversement. L’éclairage n’est pas le même dans les deux sens : lorsque je prends une source littéraire pour aller vers la philosophie, je vais du sensible au concept ; lorsque je prends une source philosophiques pour analyser un texte littéraire, je vais, au contraire, du concept au sensible. Rappel de Kant, Critique de la raison pure, Logique transcendantale : « des pensées sans contenu sont vides, des intuitions sans concepts sont aveugles ». Lorsqu’on travaille à réaliser ce « double éclairage », il est possible de trouver un élément intermédiaire de dialogue dans les sciences humaines. Méthode de Prodicos, le sophiste, auteur d'une « synonymique » qui « avait pris pour tâche de réunir les mots de signification voisine et de les distinguer les uns des autres en notant d’une manière précise les nuances de sens qui les séparaient » (Gomperz). Exemple de l'application de la méthode de Prodicos avec Dilthey et sa célèbre distinction entre « expliquer » et « comprendre » (pour une présentation de ce débat, voir : Karl-Otto Apel, Expliquer-comprendre, la controverse centrale des sciences humaines [1979], Cerf, 2000). Réponse aux questions : introduction à la problématique du « deviens ce que tu es » de Nietzsche à travers une question portant sur « la réalisation de soi ». La question du « deviens ce que tu es » reprise, dans le cadre de la méthode de double éclairage. À la recherche du temps perdu, est aussi un roman sur la quête de soi ; Être et temps, de Heidegger, problématise cette question (explicitement au § 31, de façon moins explicite mais tout aussi importante à travers la distinction centrale entre « authenticité » et « inauthenticité »). On s'installe donc entre ces deux œuvres pour réaliser un double éclairage. Le problème du narrateur dans La recherche. L'œuvre littéraire conçue comme « recherche de grandes lois ». Que sont ces « grandes lois » ? Exemple de l'une d'entre elles : c’est en comprenant autrui qu’on comprend les nations. C’est en comprenant Albertine que le narrateur comprend l’Allemagne. Mieux même : qui ne comprend pas l’un ne peut comprendre l’autre. Il est clair que cette règle ne s’applique pas au seul narrateur mais qu’elle vaut aussi pour l’écrivain Marcel Proust car si tel n’était pas le cas elle ne serait pas présentée comme une vérité. Présentation du champ de recherche de la psychologie politique (political psychology) à travers la lecture commentée de l'article Narrative as a Root Metaphor for Political Psychology (paru dans Political Psychology, Vol. 33, No. 1, 2012), de Phillip Hammack et Andrew Pilecki. Article disponible en traduction française (ici) : « l’idée de narration est de plus en plus appliquée aux questions liées à la psychologie politique. Dans cet article, nous avons suggéré que la narration représente une métaphore fondamentale pour la discipline de la psychologie politique. »
  • (6) 3 mars - Signification du mot « phénoménologie » et récits

    Comment s’est développé le courant de réflexions nommé « phénoménologie » initié par Edmund Husserl ? Et en quoi a consisté ce courant ? Quelles sont ses thèses fondamentales ? Sur quoi repose-t-il ? Comment s'est-il constitué ? La question est abordée à partir du § 7 d'Être et temps, La méthode phénoménologique de l’investigation, dont l'auteur, Martin Heidegger, disciple dissident de Husserl, propose une interprétation qui va permettre de remonter le fil de l'histoire de la phénoménologie (pour une introduction à la lecture d’Être et temps en français : Lire Être et temps de Heidegger par Marlène Zarader et Ontologie et temporalité de Jean Greisch). A la fin du § 7, on peut lire : « Les investigations qui suivent ne sont devenues possibles que sur le sol mis en place par Edmund Husserl, dont les Recherches logiques ont conduit à la percée de la phénoménologie. » Analyse en apparence scolaire de Heidegger : phénoménologie = phénomène + logos puis réunion des deux termes en un seul vocable. « Phénomène » doit être pris, explique-t-il, dans son sens « grec » qui veut dire : ce qui apparaît. Intentionnalité : notion fondatrice de la phénoménologie (voir : Introduction à la phénoménologie de Robert Sokolovski). Le phénomène c’est le sens de ce qui nous apparaît ; le logos, c’est l’expression de ce sens. Et « aux choses mêmes ! » (la maxime de Husserl censée définir la phénoménologie) signifie, pour Heidegger : « faire voir à partir de soi-même ce qui se montre tel que cela se montre ». A partir de là, il est possible d'aborder la présentation que Husserl fait de la phénoménologie. On se limitera à l'exposé qui figure dans les Méditations cartésiennes (1929) : texte ici (dans la traduction de G. Peiffer et E. Levinas). Différence des deux approches et discussion de cette différence. Remontée à Franz Brentano. Remonté, via Brentano, à Thomas d'Aquin. Remontée, via Thomas d'Aquin, à Aristote. Sens de ces remontées successives et saisie du problème originel de la phénoménologie. Son interprétation par Husserl et par Heidegger. Comparaison des deux approches : leurs proximités, leurs différences.
  • (7) 10 mars - Récit et récit de soi entre Ricœur et Foucault

    Comment Ricœur et Foucault en sont venus à réfléchir sur la notion de récit. Rôle de la psychanalyse et de la rencontre avec Lacan au séminaire de Bonneval organisé par Henri Ey dans le cas de Ricœur. Publication de De l'interprétation. Essai sur Freud en 1965, par Ricœur. La pratique psychanalytique présente la particularité de reposer sur des récits. Ricœur travaille sur la métaphore (La métaphore vive, 1975), puis sur le récit (Temps et récit, 1983-1985). Analyse de la structure de Temps et récit : 3 volumes, 4 parties : I - Récit et temporalité,  II - Récits historiques (narrations de faits réels),  III - Récits de fiction, IV - Le temps raconté. Augustin puis Aristote. Elaboration de la notion de mimèsis : « le concept d’activité mimétique (mimèsis) m’a mis la voie de la seconde problématique, celle de l’imitation créatrice de l’expérience temporelle vive par le détour de l’intrigue ». Mise en intrigue (muthos) et représentation (mimèsis) vont constituer les fondements de l'interprétation de Ricœur. La mimèsis va être divisée en trois moments : mimèsis I (précompréhension de l'action), mimèsis II (mise en intrigue), mimèsis III (réception du récit). Mimèsis II, moment principal de la mise en intrigue, se subdivise à nouveau en trois dimension : compréhension de l'action (identification du sens des actions), symbole (caractère noble ou ignoble des actions), temporalité (déroulement dans le temps du récit). Ce dernier aspect englobe, en fait, tous les autres ; d'où le titre de l'ouvrage. Il est explicitement relié aux analyses de Heidegger sur la temporalité présentées dans Être et temps. Ce dernier ouvrage en tant qu'il forme le socle commun des réflexions de Ricœur et de Foucault joue un rôle prépondérant dasn cet histoire de la réflexion sur le récit. Passage à la trajectoire de Foucault. L'herméneutique du sujet : cours au Collège de France devenu livre. Foucault y analyse notamment les hupomnémata (forme de récit de soi) en tant que « techniques de soi » élaborées dans l'antiquité. Rapprochement des analyses de Ricœur et de Foucault sur la notion de récit de soi et critique de la notion de performativité. Origine de l'idée de performativité et son emploi dans le cadre d'une analyse du récit. Idée d'une productivité inventive du passé par le récit qui peut être dégagée du croisement des travaux de Ricœur et de Foucault.
  • 26 mai - Remise du devoir

  • 26 mai - salle 319 - Site Tanneurs - 14.00