Être et temps par Martin Heidegger


Dédicace

À Edmund Husserl En témoignage de vénération et d’amitié Todtnauberg, Forêt-Noire badoise, pour le 8 avril 1926


Note liminaire

Le traité Être et Temps est paru pour la première fois au printemps 1927, dans le Jahrbuch für Phänomenologie und phänomenologische Forschung d’E. Husserl, t. VIII, et, simultanément, en volume séparé. Le texte de la présente réimpression – constituant la 9e édition – n’a subi aucun changement ; néanmoins, les citations et la ponctuation ont fait l’objet d’une révision. À d’infimes écarts près, la pagination du présent volume correspond à celle des éditions antérieures. Le sous-titre « Première partie », présent dans ces premières éditions, a été supprimé. Après un quart de siècle, il ne saurait être question d’annexer une deuxième partie à la première sans procéder à une refonte de celle-ci. Le chemin qu’elle suivait, néanmoins, demeure aujourd’hui encore un chemin indispensable si la question de l’être doit mettre en mouvement notre Dasein. Pour un éclaircissement de cette question, qu’il soit permis de renvoyer à notre Introduction à la métaphysique, parue chez le même éditeur, qui reproduit le texte d’un cours professé durant le semestre d’hiver 1935.


Exergue

« Manifestement, vous êtes bel et bien depuis longtemps familiers de ce que vous avez en tête lorsque vous employez l’expression être ; mais quant à nous, qui croyions certes auparavant le comprendre, voici que nous sommes désormais tombés dans l’embarras » |Platon, Sophiste, 244 a|. Avons-nous aujourd’hui une réponse à la question de ce que nous entendons par le mot « être » ? En aucune façon. Aussi s’agit-il de poser à neuf la question du sens de l’être. Sommes-nous aujourd’hui dans l’embarras de ne point comprendre le sens du mot « être » ? En aucune façon. Aussi s’agit-il avant tout de réveiller une compréhension de la signification de cette question. L’élaboration concrète de la question du sens de l’« être », tel est le projet du traité qui suit. Son but secondaire est l’interprétation du temps, laquelle fait de celui-ci l’horizon possible de toute compréhension en général de l’être. La visée d’un tel but, les investigations qu’implique et que requiert un tel projet, ainsi que le chemin conduisant à ce but, tout cela demande un commentaire introductif.