Aperçu des semaines

  • Résumé

    Dans la suite du cours du premier semestre "Philosophie première", ce cours cherchera à situer la phénoménologie par rapport aux sciences humaines (anthropologie et psychologie) afin de fournir une base correcte et philosophiquement robuste à l'analyse des modifications de mode d'être induits par les médias sociaux. On partira des principaux acquis de l'analyse déjà menée (naissance des sciences humaines et de la phénoménologie) pour en approfondir l'examen. On s'appuiera, notamment, sur les rectifications de la notion de sujet que la phénoménologie a pu être amenée à produire. On approchera cette question à partir de l'histoire de la phénoménologie et d'un de ses textes fondateurs paru en 1927 : Etre et temps, de Martin Heidegger.

    Présentation : ici

    • 22 janvier

      Cours 1

      Présentation générale du cours. Rappel du cours "Philosophie première" (premier semestre). Le cours a mis en place les éléments de base d'une analyse des médias sociaux s'appuyant sur la philosophie des sciences, les sciences humaines et la phénoménologie. Dans ce cours (qui fusionne les cours de phénoménologie et "psychologie et philosophie"), on s'attachera à approfondir l'analyse engagée dans "Philosophie première". Dans ce but, on reprendra la situation respective des sciences humaines et de la philosophie à la fin du XIXème siècle. On s'appuiera sur deux textes qui expriment chacun les positions respectives des sciences humaines et de la phénoménologie. Le premier texte est celui de Carlo Ginzburg, Signes, traces, pistes, racines d'un paradigme de l'indice (ce texte tente de dégager les caractéristiques fondamentales de l'épistémologie des sciences humaines : ici). Le second texte est celui de Claude Romano, L'ipséité, un essai de reformulation à la lumière de Heidegger et de Wittgenstein (ce texte met en évidence l'existence de deux sens — identificatoire et caractérisant — de la question "qui ?": ici). A partir de cette opposition entre le sens qu'on qualifiera de "sémiotique" et le sens "phénoménologique" de toute enquête sur l'homme, on dégagera les grandes lignes d'une opposition entre des écoles qui se sont combattues au vingtième siècle sans parvenir à saisir la nature du malentendu qui les opposait. C'est en revenant aux racines de ce malentendu qu'il devient possible de dépasser ces oppositions. 

      Présentation des modalités d'évaluation de l'enseignement. Un travail par binôme sera demandé. Des séances d'exposé seront programmées avec, à chaque fois, un exposé et une rédaction d'une fiche Wikipedia par livre. 

      6 séances seront consacrées aux exposés (un à deux exposés par séance)

    • 29 janvier

      Cours 2

      Ce cours viendra compléter les éléments introductif présentés dans le premier cours afin d'offrir un panorama historique de la question "Qu'est-ce que l'homme ?". On reprendra l'histoire de la question et celle de la naissance de la problématique anthropologique. On insistera sur le fait que c'est bien la « problématique anthropologique » et non l'anthropologie qui fait son apparition avec la découverte du Nouveau Monde, à la fin du quinzième siècle. On suivra les échos de cette problématique chez Montaigne et chez Pascal. Auparavant, l'anthropologie se développe principalement autour de la question de savoir dans quelle mesure l'homme peut être maître de lui-même. On examinera le sens que peut avoir l'anthropologie chez Kant et l'importance de Darwin dans le renouvellement de la problématique anthropologique et sa connexion avec la psychologie, laquelle fait naître la problématique sociologique. On retracera ainsi l'histoire croisée de l'anthropologie, de la psychologie, de la sociologie pour montrer à la fois leur imbrication et leurs limites communes qui seront soulignées par la phénoménologie naissante au début du vingtième siècle. On dégagera la nature de leur commune "épistémè".

      Éléments préparatoires à l'intervention de Cyril McDonnell : présentation de son intervention et des thèmes qui y seront abordés. Présentation du texte et de sa problématique : naissance et développement de la phénoménologie. Le point de départ est l'analyse du rapport entre la psychologie descriptive de Brentano et la phénoménologie naissante. Cette question est décisive pour saisir la nature de la phénoménologie : elle articule la problématique psychologique à la problématique phénoménologique.

    • 5 février

      Cours 3

      Première partie du cours : intervention de Cyril McDonnell sur l'histoire de la phénoménologie.

      Deuxième partie : reprise de la problématique de l'articulation entre psychologie et phénoménologie à la lumière de l'histoire de la phénoménologie. L'intervention de Cyril McDonnell sera commentée selon plusieurs de ses directions. Comment, de Brentano à Husserl puis à Heidegger, se met en place la thématique phénoménologique et qu'est-ce qui la caractérise ? Comment comprendre le lien entre ces auteurs et la façon dont chacun aborde les rapports entre psychologie et philosophie ? On suivra notamment les principales lignes de la réélaboration de la notion de sujet qui se poursuivent dans les travaux de Claude Romano, par exemple, et qui conduisent à préciser toujours un peu mieux se qui caractérise la phénoménologie. 

      La question du moi sera envisagée dans le cadre du débat qui a pu opposer Romano et Vincent Descombes. Ce débat reprend un certain nombre de thèmes qu'on trouve dans l'opposition entre phénoménologie et psychologie et philosophie analytique. 

      Préparation des questions à adresser à Cyril McDonnell pour la séance de questions du 12 février. Quelles sont les questions que posent le texte ? Identification de cinq à dix questions.

    • 12 février

      Cours 4

      Ouverture : séance de questions à Cyril McDonnell.

      Reprise du cours : la situation de la phénoménologie dans ses rapports à la psychologie et aux sciences humaines en général. Comment la phénoménologie est-elle devenue une partie de la philosophie ? Que signifie, d'ailleurs, qu'un domaine d'investigation devienne une « partie de la philosophie », dès lors que la phénoménologie se présente, de son côté, comme le tout de la philosophie ? Comment entendre l'ambition fondatrice et englobante de la phénoménologie ?

      Ces questions seront abordées dans le cadre de l'examen d'un des textes fondateur de la phénoménologie : Être et temps de Heidegger (1927). Présentation de ce texte et de sa place névralgique dans l'histoire de la philosophie du vingtième siècle.

      On montrera que c'est encore ce texte qui, près d'un siècle après sa publication, est au cœur des réflexions de plusieurs des intervenants du colloque qui sera consacré au thème des ambiances : Bruce Bégout, Claude Romano, Philippe Cabestan, notamment.

      Les étudiants seront incités à engager leur lecture d'Être et temps à partir d'un questionnement portant sur le § 29, consacré à l'affectivité (Stimmung et Befindlichkeit). C'est ce passage qui constitue le point d'entrée de la réflexion que Bruce Bégout développe autour de la notion d'ambiance. Les étudiants seront invités à présenter des questions sur ce passage.

    • 19 février

      Cours 5

      Suite de l'exposition de Etre et temps. Etre et temps est un essai d'interprétation intégrale de l'homme. Pourtant, il se présente comme une investigation sur une notion dont le livre prend soin d'emblée de préciser qu'elle est "tombée en désuétude", la question de l'être. La question "que signifie être ?" est si simple, si élémentaire, si triviale, que tout un chacun se croit dispensé de la poser car tout le monde en connaît la réponse sans avoir besoin de la poser. C'est alors justement le fait que chacun ait une compréhension spontanée de l'être, sans pourtant pouvoir expliciter ce que contient cette compréhension, qui va constituer le point de départ de l'enquête sur l'être, laquelle est nécessairement une enquête sur l'homme dans la mesure où c'est l'homme et l'homme seul qui a accès à l'être. Dans Être et temps, la question de l'être et la question de l'homme sont ainsi imbriquées l'une dans l'autre. On repartira de la problématique de la liberté dans Être et temps pour l’opposer à la problématique traditionnelle de la liberté. Cette opposition conduira à préciser l’opposition entre conception naturaliste et conception phénoménologique du problème de la liberté. La phénoménologie herméneutique réordonne entièrement le problème de la liberté autour de la question de l’authenticité du Dasein qui, du même coup, devient la question centrale de toute la problématique philosophique. La comparaison des deux approche de la liberté conduira à commenter la notion de « raison des effets » chez Pascal et offrira, du même coup, un aperçu sur les deux « naïvetés » invoquées par les phénoménologues (la naïveté généralement condamnée et disqualifiée de la science, d’un côté, et la naïveté généralement louée et mise en valeur du regard « sans prévention »). A partir de là, le caractère ancien de la problématique phénoménologique de la liberté sera retrouvé chez les stoïciens en suivant les analyses que propose Michel Foucault dans L’herméneutique du sujet (cours au Collège de France de l’année 1981-1982). La notion de « double éclairage » et son usage dans l’investigation phénoménologique sera alors dégagée et illustrée à partir de l’histoire du stoïcisme antique. On montrera que cette méthode de « double éclairage » permet un approfondissement de la notion de « résolution » et qu’il peut aussi fonctionner comme outil critique. On en verra un exemple avec la critique de la notion de « jugement » utilisée par les stoïciens. Afin d’annoncer le prochain cours (cours 6), on évoquera les liens entre authenticité (cette forme de liberté que met en évidence la phénoménologie herméneutique) et temporalité et on montrera, retrouvant une nouvelle fois un double éclairage pascalien, comment l’être-résolu retarde la prise en charge de lui-même dans le divertissement.

      • Première session d'exposés : Yasdan Alyasbgran

    • 26 février

      Cours 6

      Après quelques remarques sur Descartes et l'analyse de ses thèses proposée par Heidegger dans Être et temps, on rappellera la démarche générale du cours afin de situer le point du développement où nous en sommes restés (identification de deux paradigmes – sémiotique et phénoménologique – dans le but de montrer leur unification dans la mise en place de la notion de « construction sociale de la réalité » et enjeux de cette question). On précisera la place qu'occupe l'étude d'Être et temps dans ce parcours. On en dégagera la notion d'historicité du Dasein qui joue un rôle de premier plan dans l'idée de « construction de la réalité ». On résumera ensuite la problématique du cours : comment rendre compte, sur des bases universalistes, de l’être d’un étant (l’homme, de Dasein) qui, dans la réalité, n’existe que pris dans des structures sociales qui le déterminent toujours relativement à ces structures ? On se demandera ce qu'est devenue la notion d'intentionnalité dans Être et temps. Et on abordera la question de la temporalité dans Être et temps. Cela conduira à reprendre l'histoire éditoriale du livre qui ouvre sur de délicats problèmes de traduction, lesquels constituent un moyen d'aborder la question des enjeux de la notion de temporalité. On reprendra, à cette occasion, la notion de « double éclairage », cette fois à partir d'un passage d'À la recherche du temps perdu de Marcel Proust. Finalement, on éclairera les liens entre temporalité et historicité. On montrera que l'analyse présentée dans Être et temps permet de concevoir le relativisme des cultures sur une base universaliste.

      • Deuxième session d'exposés : Hadrien Marcy

    • 5mars

      VACANCES D'HIVER

      • 12 mars

        Cours 7

        Ce cours sera consacré à la présentation du développement de la notion de "construction sociale" dans le contexte de l'institution particulière où elle est née, la New School for Social Research de New York, et de l'apport que lui ont fourni des sociologues d'un côté (Emile Durkheim, Max Weber, George Herbert Mead) et des phénoménologues de l'autre (Edmund Husserl, Martin Heidegger, Alfred Schütz). On montrera que ce rapprochement de paradigmes à première vue antinomiques (sociologie et phénoménologie) se fait à la faveur d'un recours au modèle mis en place par la psychologie de la forme (Gestalt psychologie) qui s'exprime notamment à travers la figure célèbre du "canard-lapin" reprise par de nombreux auteurs au vingtième siècle. Thomas Kuhn, dans son livre La structure des révolutions scientifiques, publié en 1962, place ce modèle au coeur de la notion de paradigme compris comme "façon de voir", laquelle est susceptible de se réorganiser brutalement, passant d'une autre figure à une autre (du lapin au canard et vis-versa à partir, pourtant, d'une seule et même image). On reprendra les travaux de Peter Berger et Thomas Luckmann pour montrer qu'ils parviennent à mêler une analyse phénoménologique, issue d'Alfred Schütz (lui-même élève de Husserl) avec une analyse sociologique. On s'intéressera à la manière dont ils le font. Ainsi, leur livre de 1966, La construction sociale de la réalité, publié en 1966, sera réexaminé à la lumière des deux paradigmes sociologique et phénoménologique. On insistera notamment sur l'importance accordée par Berger et Luckmann à la relation interindividuelle et duelle et à la conversation qui, selon eux, sont susceptibles de stabiliser des "façon de voir". On examinera les conséquences anthropologiques de pareilles analyses. L'abondante postérité du livre de Berger et Luckmann et, plus encore peut-être, de la notion de "construction sociale de la réalité" montre que les auteurs ont élaboré un dispositif théorique de grande puissance. Le livre inaugure, en l'ancrant dans la phénoménologie, un ensemble de discussions qui allaient marquer profondément la réflexion philosophique avec, notamment, la notion de "genre" qui sera bientôt vue comme une "construction sociale" et à laquelle on appliquera les principes proposés par Berger et Luckmann.

        • Troisième session d'exposés : Ismael Touré et Jean-Noël Kei

      • 19 mars

        Cours 8

        Le constructivisme social de Berger et Luckmann et, plus généralement, de la phénoménologie sociale, sera examiné au prisme des études dites « de genre ». On analysera les effets de la notion de « construction sociale » dans un certain nombre de domaine en insistant plus particulièrement sur l'histoire de la notion de « genre ». On suivra l'apparition de cette notion et sa constitution conceptuelle au contact de la notion de « construction sociale de la réalité ». On en verra les premières manifestations dans un texte souvent cité comme précurseur et déjà influencé par la phénoménologie : le livre de Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe, publié en 1949, qui présente les attitudes masculines ou féminines comme résultant d'une construction sociale. Ce sera encore le cas avec Ann Oakley ou Judith Butler, qui, s'appuyant très directement sur l'idée de construction sociale de la réalité développeront le propos de Beauvoir. Dans chacune de ces études, on peut repérer un temps de confrontation avec les discours biologiques sur le rôle de la sexualité dans la nature. On discutera les arguments développés dans ces confrontations. Par ailleurs, les études de Michel Foucault relatives à la sexualité (son Histoire de la sexualité en trois - en fait quatre - volumes) sont abondamment sollicitée. Avec l'analyse généalogique qui a été proposée, visant à repérer la prégnance des paradigmes sémiotiques et phénoménologiques, on  identifiera le centre de gravité conceptuel de ces études pour mieux faire ressortir l'importance séminale de la notion de construction sociale telle qu'elle fut proposée par Berger et Luckmann. On retrouvera ainsi le cheminement de la critique de la notion de « construction sociale », déjà entreprise par Ian Hacking (notamment dans The social construction of what ?). Les débats contemporains sur les limites du relativisme seront mis en lumière. Les implications politiques de ce débats à l'époque de la mondialisation des cultures seront aussi soulignées.

        Sur le canard-lapin : https://www.ocf.berkeley.edu/~jfkihlstrom/JastrowDuck.htm

        • Quatrième session d'exposés : Moctar Yabre

      • 26 mars

        Cours 9

        La question de la nature de « l'intuition du social » sera mise au coeur des réflexions qui peuvent prolonger les analyses présentées dans ce cours. La notion d'intuition du social peut, en effet, revendiquer aussi bien une ascendance dans les sciences humaines que dans la phénoménologie. Les questions les plus importantes de la philosophie contemporaines seront explorées à la lumière de ce parcours et la question du relativisme sera reprise dans une perspective plus générale. Paradoxalement, la phénoménologie, depuis Husserl, a toujours considéré que son approche n'était pas relativiste. Ainsi, les analyses de la conscience que propose Husserl ou les analyses du Dasein que propose Heidegger ne se donnent pas comme ayant une validité limitée à l'homme occidental mais comme ayant une validité universelle. Pourtant, le cours La phénoménologie entre anthropologie, psychologie et philosophie l'aura montré, la phénoménologie aura contribué à fournir une puissante armature théorique au relativisme. Ainsi, la phénoménologie s'est trouvée dans la situation, tout en se démarquant du relativisme à ses origines, de renforcer ce dernier. Mais ce renforcement sa fait (parfois) à la faveur d'un certain nombre de malentendus. Or, de nombreux débats politiques contemporains ont conduit à une mise en cause du relativisme, et même, dans certains cas, à une intolérance au relativisme. L'analyse philosophique de ce qu'est un média social et de la façon dont il produit des effets politiques devra s'alimenter à ces sources de réflexion. 

      • 2 avril

        Cours 10

        Colloque Qu'appelle-t-on ambiance ?

        Le livre de Bruce Bégout, Le concept d’ambiance, paru en 2020, retrace le développement phénoménologique du concept d’ambiance. Il servira de point de départ à l’examen d’une série de déclinaisons de ce concept dans différents domaines : chaque lieu n’a-t-il pas son ambiance propre, sa tonalité singulière ? Et les sons, de leur côté, la musique, le jazz notamment, ne sont-ils pas générateurs de climats sonores bien identifiables ? Les caractères des individus n’ont-ils pas ce qu’on a parfois appelé une « aura », qui est une autre manière de désigner l’atmosphère qui s’en dégage ? Les foules ont la leur aussi, ainsi que les événements, les situations politiques, les textes, etc. C’est en suivant ces divers sens du mot « ambiance » que nous poserons la question : qu’appelle-t-on ambiance ? Que peut être une ambiance pour avoir sa pertinence dans des champs aussi multiples, aussi différents, aussi apparemment disjoints les uns des autres ? 
      • 9 avril

        Devoir sur table : dissertation, 4 heures.

        La préparation à ce devoir doit consister en une reprise critique et enrichie des thèmes abordés dans le cours. Un questionnement approfondi sur la nature de la psychologie et de ses liens avec la philosophie et de la place que tient la phénoménologie dans ces liens est attendue des étudiants. La lecture (au moins partielle) d'œuvres fondatrices de la phénoménologie (Recherches logiques, Ideen I, Etre et temps, etc.) est également attendue.