Résumé
Dès son apparition, au début du XIXème siècle, la philosophie des sciences se présente sous deux aspects bien distincts : pour certains la philosophie des sciences se présente comme un discours sur la connaissance en général, c’est « philosophie de la connaissance »), pour d’autres elle se présente comme un discours sur les sciences particulières, c’est la « philosophie des sciences », *stricto sensu*. Ces deux approches sont complémentaires. Elles sont cependant très différentes et elles déterminent des tendances à l’intérieur de la philosophie des sciences. En effet la première affirme, parfois explicitement, parfois seulement implicitement, que toutes les connaissances humaines dérivent d’une seule et même puissance de connaître et que c’est cette puissance de connaître qu’il s’agit de comprendre. On se désintéresse, dès lors, du contenu de ces connaissances. On s’intéresse seulement au processus, censé être le même dans tous les domaines, qui permet de produire du savoir. Dans la seconde approche, au contraire, on s’intéresse à la diversité des connaissances avec l’idée qu’il pourrait bien y avoir des différences entre les façons de connaître selon que celles-ci s’appliquent à différents objets. Si on s’intéresse à l’objet « atome », à l’objet « cellule » ou à l’objet « société », on n’emploiera pas nécessairement les mêmes méthodes, les mêmes façons de penser. On ne considère pas, ici, comme une évidence allant d’elle-même que toutes les connaissances humaines sont le produit d’un seul et même pouvoir de penser se diffractant sur autant d’objets qu’il en peut saisir. On considère que l’objet et la pensée construisent ensemble la connaissance, dans leur rencontre. D’où la nécessité de parler de formes de connaissance en spécifiant à chaque fois l’objet qui est visé par cette forme de connaissance.